dimanche 28 décembre 2014

SANTE!

Le saviez-vous? Avant d'être l’alcool roi de nos fêtes, le Champagne était officiellement reconnu comme étant un vin thérapeutique…

C’est à la fin du XVIIe siècle que le Champagne, boisson pétillante issu de trois cépages (deux noirs : le Pinot Noir et le Pinot Meunier, et un blanc : le Chardonnay) savamment élaboré par Pierre Pérignon, prend ses lettres de noblesse et est officiellement reconnu comme bienfaisant pour la santé. On prête au roi des vins et vin des rois un grand nombre de vertus: facilitateur de digestion, remède contre les rhumatismes, puissant antiseptique, souverain contre les idées noires et la prévention du vieillissement et seul vin, selon Madame de Pompadour, "à laisser une femme belle après boire"... Les bulles tourbillonnantes et voluptueuses du vin de Champagne ont leurs inconditionnels : le Duc de Saint-Simon rapporte dans ses mémoires que Duchesne, médecin des fils de France, mort à 91 ans, "conserva jusqu'au bout une santé parfaite et sa tête entière en soupant tous les soirs avec une salade et en ne buvant que du vin de Champagne". Ou encore Jean Godinot, chanoine de Reims, qui dans son traité sur les vins de Champagne datant de 1718, affirme que "de tous, il n'en est pas de meilleur pour la santé". Certes, l'homme prêche pour sa région, mais est soutenu dans sa foi par la faculté de médecine de Reims et par des savants étrangers (car la réputation du Champagne a déjà franchi les frontières à cette époque!). Sir Edward Barry, lord anglais, publie en 1775, dans Observations, Historical, Critical and Medical on the Wines, qu'ils sont "légers et généreux, ne donnent ni la goutte, ni la maladie de la pierre" (calculs rénaux). En Allemagne, le Docteur Loebenstein-Loebel, professeur à la faculté de médecine d'Iéna note dans son Traité sur l'usage et les effets des vins dans les maladies dangereuses (1817), qu'"au moyen de sa matière sucrée et de son gaz acide carbonique, le vin de Champagne produit un excellent effet de digestion... Il ramène le calme et la gaîté chez les malades tristes et hypocondres". Même diagnostic pour le Docteur Joseph Roques, en 1821, dans sa Phytographie médicale, qui vante les vertus du champagne effervescent et de tous les vins chargés d'acide carbonique pour "réveiller l'action de l'estomac, exciter les facultés mentales, inspirer l'allégresse et une douce gaîté". Mais tous s'accordent sur la nécessité de ne faire usage que des meilleurs crus et de les consommer avec modération, l'excès leur faisant perdre toutes les propriétés bienfaisantes. Précurseurs de notre Programme National Nutrition Santé?
À la fin du XIXe siècle, le Champagne a donc toute sa place dans la pharmacopée populaire, au point d'être présent dans les pharmacies des établissements de santé, quelque fois même étiqueté sous les dénominations "Clos de jouvence", "Champagne hygiénique" voire "Tisane des convalescents". "Lors de la Première Guerre mondiale, les grandes maisons tirent gloire et parti d'être les fournisseurs des hôpitaux civils et militaires", raconte le Docteur Tran Ky, auteur de l'ouvrage les Vertus thérapeutiques du Champagne. Le breuvage aurait été d’un grand soutien pour maintenir le moral des troupes et réconforter les blessés. Le pétillant remède était régulièrement administré (à dose très modérée !) aux opérés mais aussi aux femmes qui venaient d'accoucher, pour ses vertus stimulantes et reconstituantes…

Qu’en dit-on aujourd’hui ? Notre médecine moderne, pointilleuse et circonspecte contredit-elle la médecine ancienne, empirique et basée sur l'observation ?
Le Champagne est un alcool et contient par conséquent de l'éthanol, toxique à haute dose. Ce principe étant posé, plusieurs recherches, faisant suite à la fameuse étude sur le "French paradox" du Professeur Serge Renaud (1991), ont cependant démontré les propriétés protectrices d'une consommation modérée de vin contre les maladies cardio-vasculaires ainsi que contre certains cancers et maladies neurodégénératives.
Quelques explications issues de la biologie moléculaire: les vignes et raisins recèlent des polyphénols aux qualités antioxydantes et bénéfiques. Le Docteur Tran Ky explique que "le champagne contient 440 variétés de polyphénols. Si les polyphénols sont en moindre quantité que dans certains vins rouges, leur effet est suractivé par la double fermentation qui caractérise la fabrication du champagne" Récemment, en 2009, une étude menée et publié par Jeremy Spencer dans British Journal of Nutrition, affirme qu'1 à 2 verres de Champagne par jour diminuent les problèmes cardiaques ainsi que le risque de subir un accident vasculaire cérébral. Les polyphénols participent à l'amélioration du fonctionnement des vaisseaux sanguins en favorisant la circulation du sang, en diminuant la pression artérielle et la probabilité de formation de caillots. D’après ce scientifique, la consommation modérée de Champagne aurait les mêmes effets bénéfiques que ceux observés avec le vin rouge.

Laissons les scientifiques continuer à plancher sur ce sujet passionant, et en cette veille de Réveillon, préparons-nous à regarder les évanescentes bulles d'or jaillir par myriades à travers les parois de nos coupes et flûtes, et à les entendre pétiller, car ce spectacle contribue aussi à son effet euphorisant en éveillant les sens et le plaisir de vivre...


!! BONNE ANNEE !!

Source: Champagne: à votre très bonne santé, Martine Betti-Cusso, le Figaro Santé (24/12/2012)

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